Le télétravail a trouvé son rythme de croisière, révèle la nouvelle étude réalisée par l’institut CSA pour Malakoff Humanis (1). 30 % des salariés interrogés ont indiqué avoir télétravaillé au cours de l’année 2019, contre 29 % un an plus tôt. Comme toujours avec les moyennes, elle cache des disparités : le télétravail est plus fréquent pour les cadres (69 %), dans les services que dans l’industrie (45 % et 20 % respectivement), chez les managers (44 %) que chez les non managers (22 %). La proportion atteint 41 % pour les résidents de l’agglomération parisienne et 38 % pour les personnes qui ont un membre de leur famille malade ou dépendant et dont ils s’occupent régulièrement.
Moins c’est mieux
Les salariés qui télétravaillent sont plus satisfaits que jamais donnant 9/10 comme note de satisfaction contre 7.7 l’an dernier. Cela survient alors que le nombre de jours télétravaillés par mois est en moyenne de 6,4 en 2019 et que le nombre de jours idéaux de télétravail ressort à 8,1 pour les télétravailleurs et 5,8 pour les non télétravailleurs. Il faut noter que tant le nombre de jours effectifs que le nombre de jours rêvés sont en recul par rapport aux précédentes enquêtes. Tout se passe comme si les salariés, en s’habituant au télétravail, apprenaient que pour qu’il soit optimal il ne doit pas être trop important.
Pour les salariés, les trois principaux atouts du télétravail est de réduire voire de supprimer le temps de trajet (46 %), d’avoir plus de liberté dans l’organisation de ses horaires (39%) et de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle (37%). Ce dernier critère est classé premier par les dirigeants d’entreprise (45 %), suivi par “répondre à une attente des salariés et les fidéliser” (41 %) et “réduire les risques liés aux trajets travail domicile” (36 %).
Un salarié sur deux craint que le télétravail le rende accro au travail
88 % des salariés et 86 % des chefs d’entreprises considèrent que le télétravail donne une plus grande autonomie au travail. 76 % des salariés considèrent que cela améliore leur travail, 75 % leur sommeil. 86 % évoquent une diminution de la fatigue et 79 % des économies financières. Les trois principales sources de problèmes identifiés par les salariés sont la difficulté de séparer vie privée et vie professionnelle (58 %), la difficulté de communication entre collaborateurs (57 %) des difficultés techniques ex-aequo avec un risque d’addiction au travail (51 %). Pour les dirigeants d’entreprises, l’inconvénient principal du télétravail est “la complexité pour évaluer l’hygiène et la sécurité des lieux de télétravail” (54 %).
L’enfer c’est toujours les autres ?
Au regard des résultats très satisfaisants qui précèdent, on notera que 40 % des salariés qui télétravaillent n’ont aucun ou un seul contact par jour avec leur entreprise. Et le moyen de communication privilégié est le courriel (36 %) devant le téléphone (27 %) ou la messagerie instantanée (26 %). Faut-il en déduire que les salariés, las du bruit et des dérangements incessants sont heureux d’être en télétravail, parce qu’ils peuvent enfin travailler tranquillement sans réunion inutile qui prennent du temps, ni interruptions perpétuelles ?
Si les managers d’équipes n’ont pas été interrogés à ce sujet, ils sont quand même 29 % à considérer que la qualité du travail rendu est plus grande en situation de télétravail. Cet item arrive en cinquième position derrière la diminution des absences (44 % ), une plus grande satisfaction des salariés (43 % en recul de 13 points quand même), une plus grande autonomie (42 %), une amélioration de la qualité de vie perçue au travail (34 %)
Managers en danger
La part de managers ayant ressenti des difficultés lors de la mise en place du télétravail croît, passant de 18 à 24 % en un an. En tête des problèmes identifiés : la gestion de la décision d’accorder ou pas du télétravail et la nécessité de ne pas favoriser ou défavoriser certains salariés (40 %, en hausse de 8 points). 37 % évoquent la difficulté à maintenir des relations de groupe au sein de l’équipe, 36 % peinent à adapter leur management.
L’étude révèle que 36 % des managers n’ont pas été accompagnés en 2019 (contre 31 % en 2018). Rien d’étonnant donc si 45 % des managers qui ne l’ont pas été auraient aimé l’être. A cet égard, on peut tenter une hypothèse, les ordonnances Macron (ou Pénicaud) ont simplifié la mise en place du télétravail, si bien qu’un accord d’entreprise n’est plus nécessaire. Or, l’étude rappelle que le télétravail contractualisé est pratiqué par seulement 8 % des salariés ayant répondu à l’étude (contre 22 % par accord oral avec le manager). Gare à ce que plus souple ne se traduise pas par “plus difficile pour les managers”.
En complément du baromètre annuel, Malakoff Humanis a complété par une étude (2) sur les grèves de la fin de 2019. Elle révèle qu’elles ont eu un effet positif sur le télétravail. Un salarié d’Ile-de-France sur deux dit avoir télétravaillé à ce moment-là (34 % pour l’ensemble de la France). Ce n’était pas vraiment une première puisque 32 % des entreprises indiquent avoir déjà accordé du télétravail à un salarié pour faire face à des contraintes personnelles qu’il rencontrait. 28 % ont déjà autorisé le télétravail en raison de mouvements sociaux et 21 % l’ont déjà fait pour éviter une absence pour maladie.
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(1) Etude réalisée auprès d’un échantillon de 1610 salariés (dont 500 managers) travaillant dans une entreprise d’au moins 10 salariés. Echantillon représentatif selon la méthode des quotas. Entretien en ligne.
Pour les dirigeants, 402 ont été interrogés (secteur privé + de 10 salariés) méthode des quotas par téléphone.
Le baromètre annuel a été réalisée en novembre 2019 pour les salariés et début décembre pour les chefs d’entreprises.
(2)L’enquête a été réalisée en février 2020 auprès de 2 échantillons présentant les mêmes caractéristiques